Le début de l'aventure commence aujourd'hui avec le Zimbabwe.
Nous avons quitté hier Johannesburg pour les Southpansberg Mountains, tout au nord du Limpopo, pas très loin de la frontière avec le Zimbabwe, après cinq heures de route.
Aujourd'hui, nous passons la frontière au poste de Beit Bridge, première épreuve.
La tension monte dès Musina, dernière petite ville sud-africaine à l'activité intense. Magasins en tous genres qui doivent approvisionner le Zimbabwe. A la station essence, on vous propose le kit pour prévenir les problèmes aux barrages policiers de l'autre côté de la frontière: gilet fluo, triangle et autocollants réflecteurs, deux rectangles rouges sur le pare-choc arrière et deux blancs avant pour le pare-choc avant.
Généralement, en partant d'Afrique du Sud, quand on passe la frontière aux postes "terrestres", que ce soit pour la Namibie, le Lesotho ou le Swaziland, le passage côté sud-africain est une formalité. C'est ensuite que cela se gâte.
Là, c'est déjà le bazar: beaucoup de monde, des Zimbabwéens essentiellement, avec d'énormes sacs, des fonctionnaires agressifs... au total, pratiquement une heure passée.
Vint ensuite le passage côté zimbabwéen. Vous traversez un pont. Sur votre gauche, un autre pont pour des piétons chargés comme des mules et devant vous, une vision de chaos: une longue file de personnes, des tas de marchandises à même le sol, débarquées des bus, minibus, véhicules particuliers...
C'est à ce moment que plusieurs individus se précipitent sur votre voiture et vous proposent de vous aider dans vos démarches pour gagner du temps.
On temporise, on avance lentement sans donner suite, on réfléchit. Et apparait un homme corpulent qui semble faire peur à nos assaillants, qui vous déclare: "Je suis du Ministère du Tourisme. N'écoutez pas ces personnes. Ne payez rien avant de rentrer dans le bâtiment".
Vous êtes aussitôt rassurés. Lui et ses collègues "du ministère" vous prennent en charge. Vous leur présentez vos passeports, documents du véhicule et ils s'en vont vous récupérer dans le bâtiment un premier papier concernant la voiture. Sur ce papier, il est inscrit 9 USD, mais pour l'obtenir, vous avez donné 20 USD. Vous demandez où est la différence mais on vous presse car il faut remplir un formulaire et passer rapidement pour les visas.
On vous demande 10 USD par passeport pour accélérer la procédure. Comme on commence à comprendre et que l'on refuse, on descend à 20 USD pour les 7 personnes. On accepte. Vous doublez la longue file (que de toutes façons, vous n'auriez pas dû suivre puisque c'est celle des Zimbabwéens qui rentrent au pays) pour aller à un comptoir. Vos gentils camarades du ministère vous guident à distance. Au premier guichet, on vous délivre vos passeports. Deux préposées remplissent, au rythme africain, des tonnes de feuillets avec papier carbone. Au bout de 45 minutes et 30 USD par personne, vous récupérez vos jolis visas et vous passez dans la file d'à côté pour payer les taxes véhicule (57 USD), dont la taxe carbone bien évidemment...
Au moment de payer, la guichetière en train de traiter votre dossier nous annonce que c'est la relève. Elle fait donc sa caisse pendant un quart d'heure, s'en va, revient, recompte à nouveau, puis un peu plus tard arrive sa collègue qui s'installe, fait sa caisse, appelle un collègue pour l'aider...
Vous passez ensuite dans un minuscule bureau à l'arrière d'un petit bâtiment à l'extérieur pour tamponner l'un des papiers.
Enfin, c'est la douane puis plusieurs barrages où l'on vérifie vos documents voiture, les passeports... 3h30 à subir des fonctionnaires au ralenti, des démarches kafkaïennes et des margoulins "du ministère" qui, lorsque vous quittez le gars de la douane, vous demandent de les attendre un peu plus loin. Et à ce moment, tu as un mec mal fagoté en face de ta voiture, qui te voit parler avec ton copain du ministère et qui te fait des grands signes de te casser, de ne pas t'arrêter. Mes tes copains arrêtent ta voiture et essaient encore de te racketter en te disant que tu leur dois encore 20 USD parce que grâce à eux, tu n'as pas fait la queue. Et quand tu leur dis qu'ils aillent se faire voir, ils rigolent et te laissent partir.
Nous prenons ensuite la route de Bulawayo, seconde ville du pays, chère à mes parents qui y ont passé une semaine mémorable en 1988 avec ma soeur et les Moodies: les Championnats du Zimbabwe, sur 7 jours, avec pause au milieu de la compétition pour le tea time des officiels. Ceci étant, ces mêmes officiels ne buvaient pas que du thé, puisqu'en fin de journée, certains d'entre eux se retrouvaient au dernier étage de l'hôtel pour des "réunions techniques" agrémentées de "GnT" puis plus tard dans la soirée, d'irish coffees. Une autre époque.
La route est plutôt bonne et les véhicules peu nombreux. On double quelques minibus roulant prudemment, avec des remorques dont la hauteur du chargement dépasse largement celle du véhicule qui les tracte. D'ailleurs, certains essieux lâchent, laissant leur "attelage" immobilisé sur le bas côté.
Nous croisons aussi beaucoup de "donkey carts", ces mini carrioles tractées par trois ou quatre petits ânes.
Etant donné le temps passé à la frontière, nous arrivons de nuit à Bulawayo.
L'éclairage public a pratiquement disparu. Seuls quelques lampadaires fonctionnent, les autres n'ont plus de tête ou d'ampoule.
Heureusement que nous avons le GPS pour rejoindre l'hôtel car nous aurions eu du mal à nous repérer dans cette pénombre.